Mathieu Karrer

"Plus de 30 ans d’expérience dans le wargame. Je suis un « grognard » comme on aime le dire dans le milieu du wargame. Je fais partie de ces joueurs très expérimentés qui ont en général une belle collection de jeu. La mienne a dépassé les 2'600 pièces ! Mavrik vient d’arriver chez moi. Il a un carton gris, des cartes de géographie au 1 : 50'000 et une boîte à chaussure. À peine étonné par le gigantisme de ma collection, il me dit de ne connaitre aucun de ces jeux. Nous nous installons. Il déplie une carte d’une région de Suisse alémanique qu’il fixe sur un carton. Puis, il déploie des petits cubes rouges et bleus donc un des côtés figure un symbole OTAN.
Il m’explique les règles, le mouvement des troupes, leurs capacités distinctives, le combat et l’utilisation des cartes venant pimenter la partie. Je prends les bleus. Je dispose une partie de mes troupes dans la ville et le reste en réserve. Mavrik déploie en colonne ses forces armées sur les grands axes. Il dispose de quelques troupes irrégulières et des émeutiers en zone urbaine. Son objectif est de prendre la ville.
Le coup d’envoi est parti. Une colonne s’avance, j’approche imprudemment mes antichars. Il les détecte, le petit cube bleu est retourné face visible. L’artillerie s’abat sur elle. L’unité est détruite. C’est rapide et brutal. Alors pour éviter d’autres gaffes je reviens à la défensive. Les règles simulent très élégamment de brouillard de guerre. Les unités ne sont révélées que dans certains cas. Tirer sur des unités cachées est très peu efficace. La détection et la reconnaissance sont un des aspects majeurs du jeu.
Des unités irrégulières menacent le sud de la ville et des émeutes viennent bloquer les accès à mes réserves. Dans ce cas, il faut envoyer la police pour disperser les agitateurs. Hélas, les forces de l’ordre ne sont pas à portée de main. J’aurai besoin de nombreux tours de jeu pour venir à bout de ces troubles.
Le jeu simule très finement les interactions entre unités. Les troupes armées sont utilisées face aux forces ennemies. La police a la capacité de disperser les émeutes, les groupes de pression, les troupes irrégulières et les journalistes ! La majorité des forces en jeu sont des unités de soutien (police, reconnaissance, pontonnier, pionnier, etc.). Les troupes armées sont minoritaires donc très précieuses. Une unité de blindé est engagée avec réflexion. Sa destruction coûte cher en puissance de feu disponible.
Au bout de deux heures de jeu, la ville est tombée. Mon invité a gagné.
J’ai découvert un jeu étonnant, simple, simulant fidèlement les combats et les interactions complexes entre les unités modernes. Je me suis rendu compte à quel point chaque type d’unité à sa place. Sans pontonnier je ne peux assurer l’avancée de mes troupes mécanisées. Offensive est un jeu parfait pour l’instruction et le wargame.
Mavrik, le concepteur du jeu, m’a grandement impressionné. Sans posséder de jeu et sans une grande culture wargamistique, il est parvenu à créer depuis presque de zéro un système de jeu simple, immersif et fidèle à la réalité. C’est un tour de force qui en dit long sur ses capacités de concepteur et de créateur de wargame. J’espère de tout cœur que l’Armée suisse à la volonté de soutenir et utiliser ce merveilleux jeu dans l'instruction. Mavrik le mérite amplement."